"Not all who wander are lost"
Blog Post no. 0
28 Juin - 2 Juillet
Notre aventure a commencé dès le 23 juin par une incontournable et laborieuse préparation de notre monture et du matériel. Nous avions pour cela élu domicile en Savoie. 10 jours de travail intensif nous ont suffi pour construire une galerie de toit, découper et poser une plaque protectrice en tôle sous le moteur, installer des feux longue portée, appliquer des films teintés sur nos vitres pour se protéger du soleil et des vols et enfin réaliser une décoration totalement inédite. Nous avons également profité de ce laps de temps pour effectuer les vidanges de liquide de frein et de refroidissement, acheter quelques pièces propres à notre voiture, effectuer les vaccins conseillés dans les pays que nous comptons traverser ainsi que pour faire le plein de médicaments.
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​Après 10 jours reclus dans notre QG et une soirée à empaqueter, tasser et sangler notre cargaison, nous avons finalement largué les amarres le 3 au petit matin, impatients de voir de nouveaux horizons. Impatients mais pas forcément conscients de l’aventure qui nous attend, de Chambéry aux rives du mythique Lac Baïkal en passant par les steppes immaculées d’Asie Centrale, notre périple s’annonce d’ores et déjà riche en surprises et rencontres.
Blog Post no. 1
03 Juillet - 09 Juillet
6 jours que nous avons quitté Chambéry, en Savoie. La première journée et les somptueux lacets du Mont-Cenis furent déjà des plus éprouvantes pour notre Skoda Felicia. Une petite ascencion à 2000m d'altitude pour donner à notre monture un avant-goût des hauteurs Tadjikes. Après une redescente plus au goût de notre Feliciadad (ou du moins de son moteur), nous sommes entrés en Italie où nous avons apprécié une cuisine locale et authentique au pied du Lac de Garde ainsi qu'une première nuit à la belle étoile.
Notre deuxième journée fut tout aussi éprouvante, avec un record à battre de 820 kilomètres parcourus à une vitesse de croisière inférieure à 100 km/h entre Milan et Morovic, une ville Serbe aussi fantomatique que charmante. Cette journée fut marquée par notre premier arrêt au stand: un pit stop d'une heure trente pour changer de pare-brise dans un garage de Zagreb. Mention spéciale à la petite Slovenie que nous avons allègrement traversée en 78 minutes mais dont on peut dire que la qualité des autoroutes mérite un 20/20.
Au troisième jour, Genghis Khar créa l'Europe de l'Est... et ses charmants policiers.
Après une traversée de Belgrade, où notre Skoda a enfin pu tisser de vrais liens avec ses soeurs sur la route (plus nombreuses que des Ferrarri et autres Bugatti) nous sommes re-rentrés dans l'Union Européenne, en Bulgarie plus précisément, où nous nous sommes fait arreter après un temps record de 6 minutes pour des feux de croisements éteints (avis à nos followers: il faut les avoir allumés à tout moment de la journée). Premier pot-de-vin pour l'équipage, qui laisse un billet de 10 euros en soum-soum sur le capot de ses charmants gardiens de la paix pour reprendre sa route vers Plovdiv. Notre nuit en Bulgarie fut des plus inattendues: un charmant camping dans la ville d'Alexandrovo, qui a probablement servi à créer un décors de Call of Duty et autres documentaires sur la Guerre Froide (la ville se resume à une centrale à charbon désaffectée, avec ses immenses turbines, réacteurs et autres tuyaux qui courent à travers champs, routes et lèchent les pans des maisons environnantes. Nous arrivons néanmoins dans un camping des plus qualitatifs, tenu par un authentique British Gentleman, où nous profitons d'une nuit à la Slave (quelques bruits de loups aux environs pour le cachet).
Quatrième jour: après un crochet par la Grèce pour retirer des Euros (en cassant notablement le Bancomat local en retirant l'equivalent de 4,3 fois le SMIC local) nous prenons le chemin de la Turquie. Quelques boutades avec les douaniers plus tard, nous voici engagés sur la route d'Istanbul.
Nous parvenons finalement aux portes de l'Asie le soir meme et y resterons 2 jours. Petite soirée des plus tranquilles dans le quartier jeune et chic de Karakoy, où nous goutons la bière locale (EFES) avant d'engloutir un kebab (on est pas venus pour rien). Une cinquième journée dédiée à la visite d'Istanbul et au repos pour notre petite Skoda, restée dormir au parking. Une journée bien remplie: Mosquée bleue, Sainte Sophie, la Citerne-Basilique (réserve d’eau datant de l'Empire Romain). Nous terminons par une croisière autour du Detroit du Bosphore au coucher du soleil (où nous avons tout autant l'occasion de profiter des paysages exquis de la vieille ville que de la beauté des femmes Turques embarquées avec nous -“Si on la recroise je descends de la voiture et je vais la voir” dixit Simon-). Nous terminons cette journée bien remplie par une shisha recommandée par Théo (“Fumer c'est manger”) près de l'Avenue Istaqlal, les Champs Elysées d'Istanbul (où se trouve le Consulat de France, vos impôts sont dépensés avec soin et parcimonie) Nb. nous passerons les 18 “arrêts kebab” de Théo qui peut avoir des petites fringales à 1h14 du matin, ça arrive.
Jour 6: Presque une semaine de voyage, direction Ankara pour la Felicidad qui commençait à s'ennuyer. Rien de tel que les petites montées d'Anatolies pour la remettre en jambes (on l'a sentie essoufflée malgré tout). Nous rejoignons Daniel, brave homme et camarade de prépa de Simon qui a l'immense bonté de nous heberger à Ankara (on t'aime poulet). Encore une fois, petite shisha posée dans la faune locale pour s’impreigner de la culture Turque. Bilan des courses : 13 kebabs engloutis, 5 moussakas, 4 shishas et 2846 femmes turques admirées. Une première haute en couleur, de bonne augure pour la suite du voyage ! On va quand même sacrifier un agneau pour avoir des auspices favorables sur les routes de Géorgie. A bientôt pour la suite !
Blog Post no. 2
9 Juillet - 11 Juillet
9 Juillet : 3ème jour dans l'ancien Empire Ottoman. Nous commençons à nous habituer à nous faire réveiller par l’appel à la prière à 5h du matin émanant des centaines de minarets dispersés dans tous les quartiers des villes que nous visitons. Nous mettons le cap vers La Cappadoce, région sublime des hauts plateaux d'Anatolie, habitée par les Troglodytes en des temps immémoriaux. D'immenses cheminées de roches, creusées et transformées en véritables cités par les habitants de cette région. Des décors féeriques que nous contemplons inlassablement d’une colline au coucher de soleil. Au retour au camping, à la nuit tombée, nous faisons la connaissance d’Alberto, baroudeur Italien de Bologne, profitant du prétexte d'avoir un ami à Tbilissi pour traverser à moto en solitaire la Turquie et les Balkans. Nous retiendrons son dicton: « il faut toujours goûter la cuisine locale! ». Bella ciao à toi Alberto, on se recroise sur la route pour Tbilissi!
10 Juillet : Après un réveil à 4h30, nous arpentons de nouveau les hauteurs de la Vallée de Göreme. Chaque matin, plus de 130 ballons décollent du creux de la vallée, et s'élèvent à l’aube, comme autant de lanternes, dans un paysage digne du Grand Canyon. Les ballons gonflent, s'élèvent et s'élancent, portés par les vents d'Anatolie. La vue est sublime et les courageux ne regrettent pas de s'être levés tôt pour profiter du spectacle. Nous retiendrons également le drône de Théo, obligé d'atterrir par la police pas plus de 4 secondes après son décollage (petit ange parti trop tôt). Nous continuons la journée par la visite des vallées environnantes qui nous forcent à emprunter quelques pistes de sable. Enivrés par la robustesse de notre monture, nous sommes néanmoins contraints à une marche arrière laborieuse après nous être aventurés sur un chemin trop étroit, enclavé entre deux monts rocheux. Notre Feliciadad n'a cependant pas dit son dernier mot et reviendra plus forte sur les sentiers kazakhs. Après un détour au charmant marché de Göreme pour goûter aux fruits locaux, nous reprenons la route vers Samsun. Quelques péripéties plus tard où Théo manque notamment d'embarquer avec le flanc droit de la voiture une chambre à air qui trainait sur la chaussée devant un garage, nous arrivons au camping Alani, sur les rives du lac de Borabay. Nous y rencontrons Enes et Hatice, 2 jeunes Kurdes vagabondant en stop à travers la Turquie, qui nous donnent une leçon de l'immense sens de l'hospitalité qui règne ici. "Si vous cuisinez quelque chose et que l'odeur parvient jusqu'à votre voisin, vous êtes tenu de leur en amener une assiette". Une seconde charmante famille se joint à nous et nous voilà ensevelis sous une montagne de mets et plats en tous genres. Nous qui n'avions prévu que pâtes et mousline pendant le trajet, nous nous retrouvons à déguster soupe kurde, köfte, thé turc et autres friandises. Pour poursuivre la soirée déjà bien entamée, Enes et Hatice nous aident à allumer le feu puis chantent des chansons locales le reste de la soirée. Nous irons finalement nous coucher bien fatigués de notre longue journée. Çok Tesekur Ederim (mille mercis à eux)
11 Juillet - Après une bonne nuit de sommeil (les côtes de Simon, entre une racine de chêne et du granit tout la nuit, ne semblent pas d'accord avec cette affirmation), un petit dejeuner de nouveau partagé avec nos voisins, et une bonne douche bien méritée (« je n’avais jamais autant apprécié une douche » dixit Théo), nous voilà repartis vers la côte ("c'est la MER NOIRE", si vous avez pas la reference youtube est votre ami) pour rejoindre Trabzon
Blog Post no. 3
12 Juillet - 20 Juillet
12 Juillet: Réveil à Trabzon après une nuit bien reposante. Il semble que nous ayons dormi dans une résidence pour lycéens (nous ignorons cependant ce qu'ils faisaient encore là en Juillet...). Nous mettons le cap vers la frontière Georgienne. Bien entendu, il se met à pleuvoir des cordes alors même que nous avons fait notre premiers carwash depuis notre départ la veille. Passé cet épisode d’aquaplanning sur les rives de la MER NOIRE, nous nous arrêtons pour dejeuner (pain, concombre et petits piments doux) sur une plage au bord de la route avant d'entamer le laborieux marathon qui nous emmènera de l’autre côté de la frontiere georgienne. Quelques temps après, nous voici donc entrés dans un pays où tous les moniteurs d’auto-école revendiquent leur souche marseillaise. Oubliez grosso modo le code de la route car il n’existe pas ici. Dépassement par la droite, clignotant après avoir tourné, contre sens sur le bord de la route, arrêt sur la route à tout moment.. Bref les georgiens font beaucoup d'efforts pour collectionner les noms d'oiseaux quand Simon conduit ("JE SUIS TRÈS CALME" nous répète-t-il souvent, sans jamais réellement convaincre qui que ce soit). Passés les 60 kilomètres de lacets de montagnes du Caucase nous arrivons enfin à Tbilissi, où Théo nous a déniché un nuit dans une prison soviétique ayant gardé tout son cachet d’antan (l’odeur aussi!). Après cette longue journée de route et le maigre en-cas avalé sur le pouce, la faim se fait peu à peu sentir et Simon se laisse tenter par le "Medium-kebab" du coin. Grave erreur. Nous manquons de Le rapatrier à la « chambre » en civière lorsqu'il aperçoit le rondin de viande-salade-tomate-oignon de 35 cm de hauteur sur 10 cm de diamètre qu’on lui tend.
13 Juillet: Une longue journée en perspective aujourd’hui avec la traversée de la frontière azérie et la route jusqu’à Baku sur les rives de la mer Caspienne. Nous croisons en chemin vers la frontière une moto immatriculée en France! Tellement rare dans ces contrées lointaines qu’après des appels de phare nous nous arrêtons au bord de la route pour échanger. Un jeune lyonnais en solo au guidon de sa BMW GS 1200 (bien aménagée) qui voyage également en direction du Kazakhstan, cependant lui contournera la mer Caspienne... que de kilomètres par cette chaleur harassante! L’ entrée en Azerbaijan qui marque LA véritable rupture entre Europe et l’Asie. Les gens sont désormais mats de peau, de style persan, et parlent une langue d'origine Turque (en témoigne leur merci "teshekur ederic" proche du merci Turc). Situation cocace à la station essence lorsque nous faisons le premier plein d'essence azéri pour 13 euros, notre Skoda aime ça. Notre portefeuille aussi. Nous arrivons à notre auberge tenue par un Nepalais venu s’installer à Baku avec sa famille pour la retraite. Le chauffeur du 1er taxi pris pour nous rendre dans la vieille ville, est un vrai boute-en-train: il repère une magnifique azeri au volant d'un porsche Cayenne et profite d’un ralentissement à l’entrée de la ville pour braquer, se placer portière contre portière, ouvrir toutes les fenêtres et mettre la musique pleine balle, le tout à contresens. Pas de succès auprès de mademoiselle mais un gros fou rire. Il se gare ensuite -comme un charlatan- pour nous déposer, tant et si bien que les policiers se déplacent pour lui demander de quitter les lieux mais il prend le temps de les insulter avant de nous donner son numéro (on se rendra compte le lendemain qu'il nous a pigeonné sur le prix, tu m’étonnes qu'il voulait qu'on le rappelle). On enchaine avec un bon petit resto traditionnel dans une cave de Baku et une mousse rafraîchissante pour fêter l’étape décisive franchi durant la journée. Nous voilà « vraiment » en Asie (c’est dorénavant notable!), avec 5000km au compteur.
14 Juillet: Une fois n'est pas coutume, en bons citoyens, notre Skoda se pare des couleurs de la France pour la fête nationale. Nous poursuivons la journée par une petite visite de la vieille ville, véritable musée vivant très bien conservé, avec ses murailles, ses ballistes et ses tours d'enceinte. Il se dégage de Baku une petite ambiance de micro-cosme, un Dubai-bis asiatique, perdu sur la côte d'une ex-république sovietique coincée au XIXème siècle. Les décalages y sont des plus flagrants: entre débauche d’argent (visible au travers des -très- grosses cylindrées paradant dans les rues) provenant très certainement de l’exploitation des ressources pétrolières et périphéries complètement dégradées. Pour compenser l'annulation de notre expédition-massage (l’établissement initial avait une toute autre definition du mot "massage"....) nous nous offrons un petit hammam huppé aux portes de Baku. Sauna, douche massante, piscine froide, et un "gommage" de la peau par des mastodontes azéris (« tu es sûr qu’ils ne me casseront pas en deux » - Théo), le tout dans une ambiance moite; nous voilà impreignés de la culture locale ! Retour à l'auberge dans une Lada d'un autre temps (elle et son propriétaire ont sûrement été témoins de la fondation de l'URSS). Deux boutons sur le tableau de bord, des fenêtres qui ne ferment pas, un habitacle qui empeste le gazoil, c'est sûr, nous sommes bien chez les soviétiques. 15 Juillet Départ pour le port d'Alat d'où part le ferry pour le Kazakhstan. Après 1h de méandres administratifs à travers les dédales de la bureaucratie locale, nous obtenons nos billets à 11h, pour un ferry programmé à 20h (retenez bien cet horaire, ou alors faites comme les opérateurs du bateau et oubliez-le, au choix). On en profite pour allez voir le parc national du Gombustan, qui consiste en des volcans d’argile. En redescendant de la butte sur les chemins caillouteux, nous crevons notre premier pneu du voyage. Bien formés avant notre départ au changement de roue, nous la changeons sans problème et nous revoilà rentrés au port pour 16h (avec de l'avance, si naïfs que nous sommes). Nous rencontrons alors Chris, un autrichien à moto qui prend le ferry pour le Turkmenistan, puis un groupe de cyclistes français : Joseph, Antoine et Fabien. Ils sont partis depuis 3 mois, et font le même trajet que nous jusqu'au Pamir, -soient 6000m de dénivelé positif à vélo-, avant de redescendre (accrochez-vous) vers la Nouvelle-Zélande à côté d'eux on passe pour des gamins en UM sur la Classe Affaires d'Air France en direction du Club Med de Punta Cana. Les heures défilent, minuit, les camions commencent à embarquer puis, rien ne bouge. L'inertie administrative est palpable à tous les niveaux. Simon et Théo font une petite sieste tandis que Corentin partage une petite ratatouille avec nos amis franchouillards (ah oui, leurs 15 000 kilometres se font sur des vélos chargés de 30 kilos).
16 Juillet: 8h du matin (oui ça fait 14 heures qu'on attend), on passe la douane et on embarque une heure apres, tout le monde s'effondre dans les cabines et le marchand de sable passe aussitot. On se reveille vers 14h, le ferry est toujours à quai, personne n'a l'air de savoir pourquoi, même Emmanuel Macron sous steroides n'arriverait pas à expliquer les contradictions de la situation. 15h, le bateau part enfin, tout le monde dort encore et nous voilà partis sur la Mer Caspienne. Au diner, nous rencontrons Kyle et Maria, un couple qui fait le meme trajet que nous jusqu'au Pamir. Petit jeu de carte sur le pont avec eux avant d'aller recuperer la nuit de sommeil manquante.
17 Juillet Arrivée au port d'Aktau au kazakhstan à 11h, débarquement à 15h, le sketch de la bureaucratie a franchi la Mer Caspienne avec nous. Un petit arret de 4 heure à la douane pour obtenir 4 malheureux tampons et nous voila enfin partis silloner les routes d'Asie Centrale. Le temps de faire la rencontre de Justine sur le port d'Aktau (qui attend pour prendre le ferry dans l'autre sens, bon courage), qui rentre du Kyrgystan dans sa bonne vieille Lada. ENFIN, après 2 semaines à silloner l'Europe, nous voilà enfin dans l'empire du Grand Khan. Le prix du plein d'essence est à mourir de rire, on frise les 10 euros (Il n'y a donc aucun Gilet Jaune répertorié au Kazakhstan), notre banquier nous appelle pour verifier qu'on se fout pas de sa gueule. On plante la tente près d'Aqtau et on dine en companie de Kyle et Maria (leur Toyota Rav est aménagée à la perfection, matelas depliable sur les sieges avant, meme pas besoin de tente, les MacGyver du camping c'est eux.
18 Juillet: Réveil au lever du soleil (5h43 on a des petits yeux). Titine aussi s'accomode lentement au désert Kazakh et est quelques peu poussiéreuse. Alors qu'on rembarque nos affaires, un fermier (surement le proprietaire du champs qu'on vient allègrement de squatter) vient à notre rencontre. L'occasion pour Corentin d'assouvir sa passion de discuter avec un chameau et de prendre quelques selfies. Demarrage du convoi (Kyle et Maria font le chemin avec nous) vers Beyneu. Nous y arrivons vers 12h pour dejeuner, Kyle n'a pas encore reçu son visa pour l'ouzbekistan et nous nous apprettons à les quitter mais au dernier moment il le reçoit par mail et nous nous mettons donc en route vers la frontière. Beyneu est à 120 km de la frontiere, et la derniere ville avant l'Ouzbekistan, et il n'y aura pas de station essence avant 800 km par la suite. Comme tous les locaux nous remplissons nos deux jerry-cans de 20 litres avant de partir. Nous croisons sur la route Jeremy, qui nous fait passer pour des boy-scouts d'opérette sur l'echelle de l'aventure : il rallie La France à la Russie en vélo en un an. Il fait 45 degrés, à peine respirable dans la voiture et il pedale sur son vélo chargé, face au vent avec du sable qui vous aveugle sans arrêt. Immense bravo à toi Jeremy, qui, alors que nous ecrivons ces lignes, doit encore etre dans le desert Kazakh. 16h Arrivée à la frontière, où les conducteurs doivent passer par un sas avec la voiture et les passagers par la frontiere classique. Corentin et Maria s'engagent donc dans la queue de vehicules tous plus chargés les uns que les autres (notre gallerie fait figure de sac à main à côté) tandis que Simon, Théo et Kyle passent les contrôles en 15 minutes chrono. Les heures passent, les douaniers ouzbekes se tournent les pouces...rien à l'horizon, si ce n'est 15 bureaucrates qui tamponnent des bardées de papiers. 22h, Corentin et Maria émergent enfin. 6 heures de queue pour n'être qu'à peine fouillés (cela dit le drône de Théo -interdit en Ouzbekistan- etait chaché dans la voiture donc ça nous arrange. Le principal fait d'armes de ces 7 douaniers est d'avoir signé notre voiture avec un feutre noir. Nuit de camping pas loin de la frontière où on tombe tous comme des masses après cette journée éprouvante.
19 Juillet: J'ai dit qu'hier c'était éprouvant ? Accrochez-vous. Départ à 7h vers Kongrad, la première ville après la frontière Ouzbèke (à 500 kilometres). L'état de la route est infernal, les amortisseurs de notre Felicidad sont durement éprouvés, la température atteint les 43 degrés dès 11 heures du matin (on a pas la clim au cas où vous auriez oublié). Le désert est interminable, des centaines de kilomètres sans vie, sans verdure, sans asphalte aussi. Petite pause reprise de force (pour nous comme pour notre bonne Felicidad, où SCHKOWDA comme disent les locaux depuis la Mer Caspienne) sur la route près de Kongrad. Nous voilà repartis vers Shiva, ancienne plaque tournante du commerce d'esclaves en Asie Centrale. Une veritable traversée de l'enfer (une vérification à posteriori indiquera de nous roullions par 46 degrés à l'ombre), nous passons du désert à un climat ultra humide (nous qui croyions initialement qu'il etait impossible de transpirer plus, eh bien si)
20h, arrivée à Shiva, qui mérite bien son titre de ville fantôme. Les autorités font tant d'effort pour conserver la ville dans son etat naturel que... Personne n'y vit. Les rues sont désertes, on entend la terre cuite s'effriter au vent et le battement des ailes des oiseaux.
Nous profitons d'une vue implacable sur le coucher de soleil d'Asie centrale. Les couleurs sont superbes et mises en valeur par l'architecture de la ville, qui n'a pas changé depuis 500 ans. Une véritable Thèbes nichée en Asie Turcophone. On peut y admirer le Minaret du Juma, qui devait etre le plus grand de la région mais resté inachevé après la mort de son ordonnateur.
Petite mousse à la Terassa, bar moderne avec une vue imprenable sur la ville (merci pour l'adresse Laurent ) avant d'aller encore fois se reposer après ces 12 heures de route accomplies aujourd-hui
20 Juillet: Réveil doux avec petit breakfast local (pas à 5h45 en sortant de la tente avec une barre de céréales donc) très à notre goût. Excursion dans la vieille ville de Shiva où l'on peut visiter le palais des Khans, les musées et Mosquées et autres monuments historiques. Mention speciale au mausolée de Pakhlavan Mahmoud qui nous scotche bien dans nos tongs. Chaque passage d'un batiment à l'autre doit etre calculé, les 48 degrés ambiants n'aident pas à se réperer clairement età se pavaner dans les rues pour s'impreigner de la culture locale, si ce n'est pour aller acheter des bouteilles d'eau tous les 10 metres.
Dejeuner des plus qualitatifs à Bir Gumbaz, meilleure cuisine locale que nous ayons eu jusqu'ici : petit raviolis, riz pilaf, Langman (soupe de nouilles) et autres samosas nous comblent.
17h départ pour Boukara, plus au Sud. Nous passons 2 heures à courir à travers Urgench (ville de 100 000 habitants tout de même) pour trouver UN distributeur à monnaie locale qui fonctionne. Il faut se rendre à l'aéroport d'Urgench. Un prefabriqué en béton d'un glauque infernal où toutes les lumières sont éteintes. La chargée de caisse de la banque hurle de joie lorsqu'elle s'aperçoit que notre carte fonctionne pour retirer des billets (grosse ambiance). A la poursuite du temps perdu dans cette foutue ville (Marcel Proust n'avait pas tout vu), nous revoilas partis. Nous découvrons deux autres aspect de la culture locale.
1- Les ouzbèkes sont des turcophones, mais en plus des alphabets latins et cyrilliques qu'ils maitrisent, ils sont également tous parfaitement bilingues en KLAXON DE VOITURE. Sans raison apparente, pour dire bonjour, pour nous encourager, pour doubler, on en oublie presque qu'un avertisseur sonore sert à avertir, tant les ouzbeks en font d'usages differents
2- Les ouzbèkes n'aiment pas avoir des amortisseurs de voiture en bon état, mais alors vraiment pas... Bretelle pour rejoindre l'autoroute en terre, Nids de poules partout, et mention spéciale à la "fin de l'autoroute" : nous roulons à 110 (normal me direz vous) puis un panneau de limitation de 40 apparait d'un coup. Le temps que vos yeux se re-posent sur la route, 3 monstreux dos d'âne (qui mérite plutot le nom de "dos de diplodocus" à ce niveau là) mettent a l'epreuve les suspensions et vos vertebres. Simon cherche dans le guide LonelyPlanet une liste des insultes en Ouzbek, ça n'est pas inclus, dommage...
Blog Post no. 4
21 Juillet - 8 Aout
21 Juillet: Arrivée a l'auberge de Boukhara au petit matin, les hôtes nous proposent leur aide pour trouver un mécanicien (notre capot ne s'ouvre plus, le mécanisme a fondu sous la chaleur de plomb de Xhiva). Après un essai infructueux, nous trouvons un deuxième garage ou les mécanos passent 3 heures sous le capot pour enfin régler le problème. A la petite casemate de ce garage qui sert les clients attendant leurs vehicules, nous mangeons le meilleur Riz Pilaf ("Plovf") du voyage jusqu'ici, le tout pour 8 euros pour 4 personnes (oui, oui, l'hôte de l'auberge reste avec nous durant tout ce temps). Nous retrouvons Kyle et Maria dans le centre ville de Boukhara dans l’après-midi midi pour enfin profiter des merveilles architecturales et historiques de cette cité millénaire. Encore une fois, l'Asie Centrale montre de sa superbe et sa capacité à bâtir des monument pharaoniques. Nous nous perdons dans les méandres de petits commerces locaux, vendant tapis, porcelaines et cimeterres, tous abrités sous des dômes de terre cuite répartis à travers la ville. Nous profitons d'un dîner des plus qualitatifs dans un grand restaurant russe (en tout cas les serveurs faisaient tous 2 mètres et parlaient avec un accent à couper au couteau) qui surplombe la ville. Une énième occasion de se bourrer de samsas et de raviolis avant de s'affaler pour une bonne nuit régénératrice.
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22 Juillet: Départ pour Samarcande (étape mythique de la route de la soie), de nouveau sous un soleil de plomb qui nous accompagne sereinement depuis notre arrivée en Asie Centrale. Après un déjeuner artisanal sur le bord de la route (11 raviolis de la taille d'une balle de tennis), Corentin se laisse tenter par une pastèque. Le voilà qui ramène fièrement sa prise de guerre ("elle fait au moins 10 kilos" nous dit-il) sur la table, ou nous ne sommes que 5, pleins comme des oeufs. Il arrive a nous convaincre de l’entamer pour le dessert. Pensant avoir réussi à faire comprendre à la serveuse que nous voulions en couper qu’une moitié, quelle tête tirons nous en voyant des assiettes entières revenir de la cuisine. S'en suit une bataille Homérique contre la pastèque, Théo mange les tranches 2 par 2, Maria engloutis les quartiers à la pelle. 30 minutes plus tard, c'est une victoire à la Pyrrhus pour notre convoi, qui a terminé la pasteque mais perdu 5km/h de vitesse moyenne du fait du poids pris par l’équipage. À notre arrivée à Samarcande nous attend "le plus beau point de vue d'Asie" selon le guide LonelyPlanet: le Registan ! Un assemblage en triangle de 3 medressahs (écoles coraniques) magnifiques qui forcent le regard et la révérence de tous ceux s'y attardant plus de 5 secondes, un régal d'architecture, d'artisanat et de perspective. Petit diner dans une brasserie "allemande" de la ville où nous profitons d'une bonne mousse avec... des saucisses et des frites (pas très hallal tout ça). Retour en taxi (à 6 dans une voiture plus petite qu’une twingo, tranquille) vers notre auberge pour une nouvelle bonne nuit de sommeil.
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23 Juillet: Petit matin, la coupure d’électricité qui touchait la ville depuis hier est resorbée. Nous visitons Chakhi-Zinda, la rue remplie de Mausolées dédiés a diverses personnalités historiques de l'ouzbekistan, emplie d'histoire et de spiritualité. Nous nous perdons ensuite (volontairement bien entendu) dans le grand bazar de la ville où les senteurs et saveurs de l'Orient viennent à nous par milliers. Nous goûtons les salades du traiteur local (avec la même fourchette que tous les autres acheteurs, on a dégainé le SMECTA aussi sec). Les pains, salades, épices et douceurs de Samarcande nous ayant comblés, nous pouvons enfin visiter l’intérieur du Registan. À nouveau, c'est un véritable spectacle architectural, tuiles de toutes les teintes de bleu, immenses portes en dôme et balcons donnant sur la plus grande place d'Asie Centrale nous mettent face à l'immensité du monde et la petitesse de notre connaissance de celui-ci. Il est venu le temps de dire adieu à Kyle et Maria, nos compagnons de route depuis le port d’Alat (Azerbaïdjan), qui continuent leur visite vers le Nord de l’Ouzbékistan. Ils vont nous manquer, c'est un deuxième voyage qui commence, sans eux cette fois mais nous sommes certains que la route nous réserve d’autres belles rencontres. 3 heures plus tard, frontière Tadjike passée (Adieu Ouzbekistan, pays ou absolument aucun distributeur à billets ne fonctionne, venez avec du cash), nous voilà passés du désert à des vallées verdoyantes et arrosées. Nous arpentons les hauts lacets de ce pays escarpé, par un coucher de soleil à rendre le plan du sunset à Hawai du film Pearl Harbor presque fade. S'en suit la plus grand claque du voyage jusqu'ici : le tunnel de la Mort d'Anzob. Bâti par les soviétiques pour couper un col trop élevé, celui-ci fait 4,5 kilometres de long. 4,5 kilometres de tunnel sans le moindre éclairage, 4,5 kilomètres de tunnel interminable sans la moindre bouche d’aération pour évacuer la fumée des pots d’échappement (les images parleront d'elles-mêmes). On croisera néanmoins des charmants Tadjiks, en panne au milieu de cet obscur enfer, la clope au bec pour couronner le tout. Sortis de ces interminables montées, nous descendons doucement vers Duchambe ("descendons" est un grand mot sachant que la ville est à presque 1000m d'altitude), pour enfin rejoindre une auberge ou nous pouvons méditer sur le changement de paysages que nous venons de vivre : Adieu le désert, bonjour les contreforts de l'Himalaya.
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24 Juillet: Escapade à travers Duchambe pour effectuer les derniers preparatifs avant d'attaquer le Pamir. Apres de multiples aller-retours au sein de la tentaculaire capitale Tadjik, notre checklist est complete : assurance auto, vidange d'huile, 2eme roue de secours. On remercie chaleureusement nos amis de iOverlander (appli de baroudeur) sans lesquels on n'aurait absolument rien trouvé dans ce Capharnaüm. Premier arret des Pamirs: Kulob, où l'on trouve un petit spot sympathique pour camper.
25 Juillet: 1er vrai tronçon du Tadjikistan sauvage. Beaucoup de montées à travers le Sud du pays, très escarpé. On entre dans la région du Goro-Baradastan, où le militaire qui nous inspecte parle mandarin. Situation assez cocace où notre plus dense échange avec un local se fait en Chinois et non en anglais (que les locaux parlent peu). Il nous laisse un petit mot sur la voiture avant de nous laisser entrer dans cette région, qui représente 45% de la supefircie du pays, pour 3% de sa population. Le reste de la route est un vrai plaisir: un dejeuner avec une vue imprenable depuis les hauteurs (en vrai on s'est tosurtout arretés parceque le moteur surchauffait), s'en suit une magnifique descente jusqu'aux rives du fleuves Panj, qui marque la frontière avec l'Afghanistan voisin. Nous longeons le Panj pendant toute l'après-midi, sur un quasi-billard, avec une vie imprenable sur la piste de cailloux (immergée à l'occasion) qui longe le fleuve côté Afghan. Nous arrivons à Qalai Khumb le soir même, où nous nous posons sur une petite plage, jamais nous ne serons si proches de l'Afghanistan, une dizaine de metres tout au plus, on peut presque parler avec les quelques courageux voyageant sur la piste qui longe le fleuve coté Afghan.
26 Juillet : C'est le debut réel du Pamir pour nous. Nous empruntons pour la première fois la mythique M41, autoroute mythique construite par les sovietiques à travers la région. Nous comprenons très vite dans quel enfer nous sommes entrés. Desormais, on ne pourra plus parler de route, mais de piste, de chemin ou de sentiers. Notre pauvre Felicidad n'a jamais vu ça de sa longue vie et son baptême du feu n'est pas des plus agréables. Par 42 degrés, un soleil écrasant et chargée comme une mûle, notre belle monture se doit de grimper un dénivelé total de 1300m, sur un tas de rocailles n'autorisant jamais plus de 30 km/h. C'en est trop pour notre Skoda qui doit souffler de temps à autre, capot ouvert au milieu de la route pour éviter la surchauffe. Nous rencontrons beaucoup de Tadjiks qui, à notre grande surprise, ont des visages totalement Européens (on les croirait Siciliens ou Grecs sans sourciller, Alexandre le Grand n'a pas fait que poser des stèles ou fonder des villes dans le coin, les macédoniens n'ont pas chômé). Au cours d'une n-ième pause, nous en profitons pour déjeuner, dans une auberge littéralement installée au milieu de nulle part. L'aubergiste demande a Corentin combien de Somoni (la monnaie Tadjike, ndlr) il propose en échange de sa fille, on se contente de dire qu'on a plus de place dans la voiture.. A l'image du reste de la journée, l'après-midi est un long chemin de croix vers Khorog, parsemé de points de vue magnifique, de paysages à couper le souffle, et ponctué des nombreuses pauses pour faire recuperer notre Felicidad. Nous campons près de Khorog pour la nuit. Bilan de la journée : 12 heures de conduite cumulée, 223km, record à battre. (Petite dedicace à cette voiture de tadjiks, manifestement ivres, s'etant arrêtés près de notre tente à minuit, musique à fond et hurlant à la mort, on vous retrouvera et on vous transformeras en durite de Skoda.
27 Juillet: Marché local de Khorog pour faire le plein de fruits et feculents avant le gros tronçon du Pamir: la route vers Murghab. Le pain local (sorte de galette avec la forme d'une fleur) est divinement bon et leurs fruits (ils adorent la pastèque) font notre bonheur. A notre grande surprise, la route est plutôt potable sur une grande partie du chemin. On croise Grégoire, un franchouillard à moto qui fait le Pamir une deuxième fois (bah ouais c'est trop facile sinon) avec une moto qu'il a loué à Bichkek parceque la sienne a laché (c'est nous les masos c'est bien ça ?) 24 549 photos plus tard, nous revoilà sur de la bonne piste bien rocailleuse, arpentant des plateaux à 4000m, verdoyants et terres de troupeaux et d'éleveurs nomades. Comme chaque jour, la course contre la montre est engrangée pour faire le plus de distance possible avant que la nuit ne tombe. Épuisés, on s'arrete juste avant l'entrée de Muhgrab alors qu'il fait déjà nuit noire. Il s'avère qu'en fait, un checkpoint militaire marque l'entrée de la ville. Alors qu'on plante la tente, on se retrouve nez à nez avec un militaire Tadjik, kalachnikov a la main, nous demandant ce qu'on fabrique ici... Woops Finalement il nous laisse camper, comprenant qu'on passera le checkpoint demain et que de toute façon on capte rien à ce qu'il dit.
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28 Juillet: Réveil et passage du-dit checkpoint militaire, qui s'avère être une véritable ruine. Une casemate en préfabriqué mal finie, on dirait presque une résidence du campus d'HEC (allez hop c'est gratos un peu de mépris ça purifie). Muhgrab donc, censée être LA ville étape du Pamir, n'est pas plus grande qu’une bourgade de la Creuse, et la seule attraction reste le buste de Lénine (la légende dit que personne ne les a prévenu que l'URSS c’était plus d’actualité). Petit passage par un obscur garage faisant office de distributeur d’essence (au marché noir évidemment). Théo demande au gérant s’il a du SP 95 (c'est beau l'espoir), ce à quoi le gérant répond "non, du 93". Plus c'est absurde mieux c'est après tout lorsqu’on sait qu’à Dushambe les locaux ne prenaient déjà jamais au delà de 90. Pas de pompe, simplement un gros entonnoir et un seau pour mesurer la quantité. On ne va pas se leurrer, notre Felicidad goûte probablement à du SP 80 aussi raffiné que la rivière de Fessenheim. Nouveau départ direction le nord et le Lac Karakul. Encore une fois, les paysages ne sont pas réductibles à des mots, aussi dityranbiques soient-ils et même des photos ne sauraient prendre pleinement la mesure de leur beauté. Impossible de sublimer par la photo ces plaines aussi immenses que désertes et ces montagnes minérales et vertigineuses. Nous poursuivons sur la route M41, toujours la même, qui tranche à travers plateaux, steppes et montagnes, telle les étoiles filantes que nous observons chaque soir dans le ciel immaculé. Arrivée au lac Karakul, écrin turquoise à 4500m d'altitude, où nous croisons 2 groupes de français (avec des plaques "2B- Corse", personne n'est parfait). Ils lient la France à la peninsule Indochinoise en un an, on vous laisse imaginer leur tête quand ils réalisent qu'on a fait en 24 jours autant de distance qu'eux en 3 mois. Ça repart direction la frontière Tadjiko-Khirgize (et oui, vous aurez lu ce mot au moins une fois dans votre vie, never stop learning). Elle est en haut d'un col, une citerne abandonnée fait office de marqueur de frontière et -encore une fois- "Mbappé ! Zidane !" est notre phrase porte bonheur au moment de tendre nos passeports aux officiers d'immigration (s’ils aiment le foot c'est dans la poche) Frontière passée, redescente du col côté Khirgize (dans un tas de boue, grosso modo) puis de nouveau sur un vrai tronçon de la M41. Les paysages ont radicalement changé, des vallées verdoyantes prennent la place des hauts plateaux minéraux, ternis par un climat d’une extrême rudesse. Sur notre route au coeur d’un immense plateau parsemé de troupeaux et de yourtes, nous nous arrêtons pour immortaliser ces paysages lorsqu’une jeune bergère, accompagnée de sa petite sœur (aux joues deja rougies par le froid et le soleil) viennent à nous, toutes heureuses de faire usage de leur anglais impeccable. La plus âgée nous apprend qu’elle habite dans l’une des yourtes environnantes et qu’elle et sa famille ne résident sur ces grands plateaux qu’uniquement l’été, ce qu’elle considère comme ses vacances. Le restant de l’année, lorsque les températures deviennent trop rudes, ils se rapprochent des villes. Peu de temps après avoir repris la route, Corentin (au volant) s’exclame « regarde, il fonce vers nous à dos d’âne ! ». En effet, un jeune garçon monté se dirige à vive allure vers notre voiture en faisant de grands gestes pour nous inviter dans sa yourte (en fait un âne ça va super vite quand ça veut, donc Cannabis -dans Astérix et Obélix Mission Cléopâtre pour ceux qui n’ont pas la ref- c'est vraiment un gros glandeur). Nous faisons donc connaissance de toute la petite famille (ratio de 1 personne pour 45 moutons environ) qui nous offre thé, kimiz (du lait d'ânesse fermenté, c'est pétillant oui oui) et autres produits laitiers fermenté (ça va faire mal à la douane demain, et je parle pas de la fronitère Kazakhe) que nous dégustons avec des galettes de pain maison, le tout dans la yourte & en bonne compagnie. Ils sont tous adorables et les deux plus jeunes filles dont les visages ne cesseront d’être illuminés d’un sourire des plus attendrissant font tout pour nous cajoler, tandis que le père (un gaillard qui porte encore sa veste de l'Armée Rouge) tente tant bien que mal de communiquer avec nous. Toutes les belles choses ont une fin et après avoir pris moult photos avec toute la petite famille (ça amusait beaucoup les plus jeunes), nous continuons notre route pour aller camper près d'un village plus haut perché dans les montagnes (à 3900m au lieu des 2600m)
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29 Juillet: Début de la route vers Osh. Retour sur du bitume à peu près correct (même nos pneus étaient surpris), ce qui nous permet de dépasser les 80km/h pour la première fois depuis une semaine. (Aparté: notre capot ferme mal depuis l'Ouzbékistan et notre passage chez le garagiste puisque nous n’arrivions plus à l’ouvrir... depuis il s’ouvre mais nous avons beaucoup de mal à le fermer, le comble. Comme nous surchauffons beaucoup, on a tendance à simplement le laisser baissé sans le fermer, ce qui jusqu'ici n'était pas un problème.) Il a suffit que l’on croise un poids lourd d'un peu trop près, un peu trop vite pour que le capot se lève à la verticale aveuglant par la même occasion Corentin au volant. Un petit pilage sur la bande d'arrêt d'urgence plus tard, on constate que la tôle du capot est complètement pliée, les gonds tordus et le pare-brise fissuré pour la deuxième fois... Théo sort de la caisse à outils l’antivol de vélo que Corentin avait emmené (« parce qu’on ne sait jamais », drôle d’accessoire à prendre en roadtrip mais on ne peut que conseiller) et le fixe à la calandre pour maintenir le capot fermé sur les 30km nous restant à parcourir jusqu’à Osh. Arrivés à Osh, nous trouvons un mécano qui nous prend en charge immédiatement et arrive à corriger le problème. Grosso modo il a pris un marteau et a tapé la tôle comme un bourrin pour que la forme épouse à nouveau celle de la carrosserie et que l’on puisse refermer le capot (ça vous plait ? Apparemment on appelle ça la méthode George Bush dans le métier). Il est déja l'heure de reprendre la route vers le Nord. On se trouve un petit spot de camping sympa qui surplombe le réservoir Toktogul.
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30 Juillet: Réveil matinal, Simon et Théo en profitent pour aller faire un petit plongeon dans le réservoir "pour se rafraichir" (aucune corrélation entre leur volonté de baignade et leur absence de douche depuis 6 jours). Rien à dire sur ces satanées routes Khirgizes, si ce n'est que ce pays compte autant de policiers que d’habitants. C'est à peine croyable, ils sont partout, se cachent derrière les buissons, les maisons, les virages serrés et poussent le vice jusqu’à installer de fausses voitures de police gyrophares allumés sur le bord de route... tout pour piéger les conducteurs (pas uniquement les touristes relativement peu nombreux, les locaux prennent aussi). Arrivés à Bichkek, on en profite pour manger dans un resto conseillé par un ami Kirghiz de Théo, avant de foncer vers la frontière Kazakhe. Après 3h durant lesquelles Corentin (propriétaire de la voiture) a du vider entièrement la voiture pour la passer au scanner tandis que Théo et Simon attendaient patiemment côté Kazakh nous partons à la recherche d’un champs pour camper avant la nuit
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31 Juillet: Départ vers Almaty, et surtout retour à la réalité Kazakhe avec des prix qui se chiffrent en milliers de Tenghe (c'est quoi cette monnaie sérieux, le Zimbabwe c'est pas un record à battre hein). Almaty est un véritable chantier anarchique et irrespirable, où l'on ne s'attardera que très peu, si ce n'est dans un simili de Starbucks (c'était bel et bien "un café bien fade et hors de prix" comme chez nous, pas de soucis à ce niveau là) pour utiliser le wifi, rassurer la famille et vous bombarder de photos. On continue notre route vers le Nord et on arrive à Taldykorgan, où l’on décide de se fracasser le bide dans un restaurant Ouzbèke (parmi nos repas "festival" depuis le début, c'est clairement un top 3), même Théo n’avait plus faim c'est pour dire...
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1er Aout: On découvre le concept d’ « autoroute à trous" Kazakhe. On peut être sur route plutôt bien asphaltée, 2 fois 2 voix, peinards, puis BAM, grosse déviation qui nous fait partir sur de la piste sur 30 bornes. Puis retour sur de l’asphalte et rebelotte. Prenez ça sur 300km et vous aurez déjà de sacrées migraines. Bien évidemment on crève un pneu à force. Alors que nous nous attelons à changer ledit pneu, une voiture s'arrête et un père et son fils viennent à notre rencontre. "Nous sommes des témoins de Jéhovah" nous déclarent-ils d’emblée (niveau mise en confiance on a fait mieux je vous le concède) avant de demander si on a besoin d'aide. Un peu cavaliers de prime abord, ces deux individus se révèlent être des anges gardiens qui nous guident à travers une ville, de mécano en mécano afin de nous trouver quelqu’un de disponible pour réparer notre pneu (il est déjà 19h30). Ils pousseront la gentillesse jusqu’à payer la réparation et refuser catégoriquement nos tentatives pour les rembourser. Après cet instant de providence, on part camper sereinement sur une route annexe (où personne n’est passé de la nuit, c’est pour dire). Bémol: nous n’avons jamais vu autant de moustiques. Tant et si bien que nous sommes obligés de nous vêtir de pantalons, manches longues et capuches autour du feu pour limiter les dégâts.
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2 Aout: De nouveaux ces satanées routes Kazakhes que nous maudissons. Nous avançons laborieusement pour atteindre Ayagoz en début d'après-midi. On en profite pour faire checker la voiture. Ces charmants escrocs réclament 30 euros (ie. un smic local) pour avoir regardé le niveau d'huile. On leur explique qu'on ne paiera pas ça et on leur propose moins, il ne veulent rien entendre. On part donc sans broncher avec en prime le gérant qui nous menace avec son poing qu’il rentre par la fenêtre et donne un violent coup de pieds dans la carrosserie (le package "gros con" somme toute). On trouve malgré tout un spot magnifique pour camper après avoir fait le plein de fruits frais au marché. Des arbres disposés en cercle, une prairie, un ruisseau, parfait. Théo, après nous avoir demandé notre avis (défavorable), nous convainc qu’il peut traverser un ruisseau bien vaseux pour rapprocher la voiture de la tente (« tranquilleee ça passe »). Pas plus de 30 secondes plus tard, la voiture était bel et bien embourbée jusqu'à la garde. Nous nous risquons à essayer de la bouger à 3, vase jusqu’à mi-mollets. Notre tentative s’est immanquablement soldée en une peinture intégrale de nos habits et de la voiture; sans que celle-ci ne bouge d’un chouilla. Il nous faut l'intervention de 2 motards kazakhs, qui rameutent eux-mêmes une Lada remplie de 5 jeunes gaillards qui n’hésitent pas à se déchausser et pénétrer dans la vase pour extraire la voiture de son piège et la remonter sur l'herbe. Un grand merci à vous, héros du jour.
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3 Aout: On va pas vous refaire à chaque fois le coup sur les routes kazakhes qui sont en enfer. Disons qu'on atteint ENFIN Semeï (la grande ville avant la frontière russe) dans l'après-midi et qu'on n’est pas malheureux. On en profite pour aller faire un massage dans les thermes locales. Une vraie expérience de terrain, avec une bonne matronne Russe (on ne va pas vous faire un dessin du gabarit mais ce n’était pas la petite russe à laquelle on s’attendait) qui vous remet le dos en place, un sauna pour évacuer les toxines et un grand bain froid pour se revivifier. Aux « Mmhm », petits murmures lachés par Simon alors qu’il se faisait masser par la masseuse qui faisait -sans exagérer- au moins deux fois son gabarit. On a bien ri. Un sacré kiff que l’on cherchera à retrouver dans nos villes respectives. La relaxation faisant naître une petite fringale (vous le sentez venir le diner "festival" ?), nous filons dans un resto local où l'on se régale de soupes, riz pilaf et surtout de brochettes de viande grillée servies avec sauce, oignons et petites galettes de pain dans lesquelles les enrober les morceaux de viande, un vrai délice !
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4 Aout: Notre visa russe ne débute que demain et il faut donc tuer le temps une journée. Corentin part vagabonder dans Semeï pendant que Théo et Simon font la visite d'une ancienne base aérienne soviétique désaffectée de Chagan, celle d'où partait les bombardiers pour effectuer les essais nucléaires non loin (la zone n'est pas radioactive, pas d'inquiétude, même si ça me gratte quand même au niveau de ma 4ème oreille qui a poussé depuis notre visite). Des abris anti aériens remplis de chevaux, des pistes de la tailles des Champs Elysées, des postes de commandement abandonnés, un vague esprit de Chernobyl plane sur nous. La zone est incroyable, seuls au monde dans une ancienne base secret defense, où l'on devine encore des carcasses de bombardiers à moitié enfouis au loin. Retour à Semeï pour recuperer Corentin avant de camper au plus proche de la frontière russe pour y être aux premieres loges demain.
5 Aout: Réveil à 5h30 pour vite remballer les affaires et être parmi les premiers au poste frontière. Mission accomplie, seulement quelques voitures devant nous, et des douaniers plus prompts à nous demander un feutre pour dédicacer la voiture que pour verifier si on transporte pas de stupefiants. 1 heure et demi plus tard, nous voilà en Russie. Enfin dans la Mère Patrie, 20% des terres immergées du globe et un vrai billard de route pour nous emmener jusqu'à Barnaul. Tradition oblige, on s'écoute l'hymne de l'URSS à fond les ballons dans la caisse pour célébrer dignement cette victoire. La signalétique et l'entretien des routes en Russie sont si efficaces qu'on en est presque choqués après 6000km à se manger de la piste non balisée. Notre route vers Barnaul est toute tranquille et on s'installe pour camper peinard sur la route de Gorno-Altaisk.
6 Aout: Deuxième et dernier tronçon de notre premier arrêt en Russie. On se dirige vers Kosh-Agash, ville-frontière avec la Russie. Jusqu'ici on avait eu le désert, la montagne et la steppe (parfois les 3 en même temps), on a désormais droit à la Toundra. Les paysages de Sibérie sont tout simplement à couper le souffle. Exactement tels qu'on se les imagine, des immenses forets de sapins élancés vers le ciel, des flancs de montagnes verts comme si ils étaient peints, des grands fleuves où piquer une tête (ou faire une hydrocution, au choix, on laissera Corentin vous dire ce qu'il en passe dès qu'il arretera de claquer des dents), des petits ruisseaux pour s'abreuver tout en ayant une vue magnifique sur les vallées environnantes. Tout ici est magnifique. Ah oui, on a pas parlé des femmes. Bah en gros, on a croisé un ange, créature divine au marché d'objets en bois taillé (yeux turquoises, blonde, visage slave) et Simon part s'installer dans l'Altaï (bisous papa, bisous maman), allez ciao. Arrivée dans la petite bourgade de Kosh-Agash au soir, on fait quelques courses avant d'aller camper encore une fois près de la frontière.
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7 Aout: Décollage à 6h du matin pour tracer vers la frontière, elle n'ouvre qu'à 9h, mais déjà 4 voitures sont là depuis 5h du matin pour faire la queue. 30 minutes après notre arrivée, déjà 5 voitures de plus s'empilent derrière nous. Les heures passent, la frontière ouvre enfin. S'en suit une magnifique démonstration de bureaucratie. Les douaniers côté Russe montrent qu'ils rien perdu depuis l'époque Soviétique et nous renvoient a la voiture, puis nous rappellent, font tamponner le formulaire XB28 au bureau 2 avant de revenir au bureau 1, laisser passer les 8 voitures derrières nous et enfin scannent un sac sur 2 dans le coffre. 11h30, après 2 heures et demi d'enfer on sort enfin de ce poste (on a juste passé le côté Russe pour le moment) et on file vers la casemate Mongole (qui est à 35 km de là, il y a de facto un No Man's land large de 35km laissé par la Russie entre son "poste frontière" et la frontière réelle, ils en ont rien à battre niveau place, et dire qu'on galère à trouver un studio potable sur Paris...) Les douaniers Mongols sont plutôt gentils voire même hilarants sont on prend en compte le fait qu'ils portent des faux gilets pare-balles (bon on a pas fait de blague là-dessus, on voulait pas tester si leurs Kalachnikov étaient fausses elles aussi). Niveau bureaucratie les mongols jouent en deuxième division comparés aux Russkov avec seulement 1 heure passée aux controles, 1 formulaire rempli et 2 sacs scannés. Nous voilà enfins dans la patrie de Genghis Khan ! Après 12500km, le "Mongol Rally" mérite enfin son nom ! La Mongolie, steppe quasi-infinie de 5 fois et demi la France pour 3 millions d'habitants, dont la moitié à Oulan-Bator. Autant dire que notre arrivée faisait déjà augmenter la densité au km carré de quelques dixièmes. On goutte aux mets locaux (soupes de nouilles avec morceaux de moutons, plats de boeufs vapeur et autres pate de riz cuite) avant de reprendre la route vers le Lac Tolbo. Un point de vue absolument merveilleux où le coucher de soleil nous laisse béat, malgré tout ce que nous avons pu voir jusqu'ici. L'endroit est parfait, Corentin nous fait un petit feu avec des bouses de yak (et bah ça brûle mieux et plus longtemps que tout le reste, on va se faire rembourser les allume feux chez Brico-Depot direct !) et on se boit un petit thé devant le coucher de soleil.
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8 Aout: Petite baignade matinale dans le lac Tolbo. Alors le climat mongol c'est assez frisquet hein, Juillet-Août on appelle ça l'hiver indie chez eux. Autant dire que l'eau est un petit peu fraiche mais on est bien réveillés après. Départ vers l'Est pour atteindre Khovd avant la mi-journée. La route est plutôt bonne, l'Etat a fixé comme objectif que toutes les capitales regionales soient reliées à Oulan-Bator par des routes asphaltées d'ici à fin 2019. L'objectif est en bonne voix, même si on doit compter avec notre voiture pour un bon 5% du trafic quotidien sur lesdites routes. Le pays ressemble à un puits sans fonds, des centaines et des centaines de kilomètres sans village ni visage croisés, mais de paysages à couper le souffle, des hauts-plateaux de la taille de la region Rhône-Alpes (sans déconner on a mis 7 heures pour le traverser) et des reliefs en arrières plans changeants, tantôt montagneux, tantôt dunes de sables.
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Blog Post no. 5
9 Aout - 13 Aout
9 août: Après avoir parcouru un peu plus de 600 km la veille, nous nous accordons une grace matinée sous la tente près de la ville l'Altaï, qui durera jusqu'à 8h du matin, l'heure à partir de laquelle notre modeste demeure se transforme en un véritable haut fourneau sous les rayons du soleil. Aujourd'hui nous le savons: la route se transformera en piste et notre vitesse moyenne va d'un kilometre à l'autre être divisée par 8. Plus de 200 km de pistes donc, avec au menu de la terre tassée (Aka la "tole") qui transforme notre pauvre Felicia en simulateur de tremblement de terre dès que l'on dépasse les 20 km/h, les cailloux, le sable, la boue et les passages de cours d'eau. Théo a de la chance, il passe au volant 40 km avant l'arrivée lorsque que l'asphalt refait son apparition alors que Simon et Corentin vident les reserves d'eau potable pour compenser les litres de sueurs perdus au volant un peu plus tot. Petit tour au supermarché dans la ville de Bayankhongor pour le diner du soir (et l'apéro) avant d'aller monter la tente au bord d'un ruisseau à la sortie de la ville, aux côtés d'une autre famille mongole, elle aussi obligée de se taper 3 jours de conduite pour faire 1000 km jusqu'à la capitale.
10 Aout: Nous sommes content de notre progression à travers la Mongolie. D'après ce que nous avions appris auprès d'autres membres du Mongol Rally, la route d'aujourd'hui devrait etre plutot tranquille, sans pistes. Nous quittons notre petit emplacement de camping plutot détendus. 3km plus loin, la route s'arrête, la piste nous dis re-bonjour. Pas de chance, mais pas le choix non plus. Un peu avant midi alors que nous avions retrouvés un asphalt très piégeux, un nid de poule (voir même d'autruche) pris à pleine vitesse applatit completement notre amortisseur avant droit. La voiture roule toujours bien, mais l'après midi est passée dans un garage un peu plus loin, et notre Silentbloc ayant rendu l'ame, est remplacé par un morceau de pneu sculpté sur mesure par le garagiste créatif du coin. Journée tres mouvementé pour l'equipage, qui décide donc de s'arreter avant Oulan Bator, en passant la nuit dans la ville de Kharkorin, ancienne capitale de l'empire Mongole. Nous en profitons pour dormir a l'hotel (sous une yourte) et visiter ce qu'il reste de la glorieuse vielle ville de Kharkorin - la majoritée des bâtiments ayant été détruits par les russes au XXe siècle.
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11 Aout: Notre Felicia est fatiguée, nous le savons bien, mais il reste un bon millier de kilometres avant de rejoindre les routes potables de Russie. Il s'agit donc de prendre son temps et de ne pas trop tirer sur la mécanique. Objectif du jour: aller dire bonjour a Genghis Khan sur la place centrale d'Oulan Bator. Les paysages restent grandioses tout au long du chemin, mais les routes s'encombrent a l'approche de la capitale. Au bout de 200 km de conduite, un scénario classique: la route est en bon état, Théo roule tranquillement derriere une ribambelle de Prius (car non seulement les gens ont des Prius dans un pays ou pas plus de 4% des routes sont bitumées, mais la majorité des voitures sont belles et bien des Prius), puis une vrai crevasse passe sous la roue de la voiture d'en face. Théo n'y échappe pas et déforme la jante arrière droite au point de dégonfler le pneu. Nous en sommes donc au 3eme changement de roue du voyage. Une fois à l'entrée de la capitale, Theo lance un "bonne chance" a Simon qui a depuis repris les commandes de la Felicia. La circulation deviens un enfer et l'habitacle se transforme en sauna intoxiqué par les gaz d'échappement des camions, voitures et centrales a charbon de la ville. Il est 17h, nous n'avons rien mangé de la journée et le silence règne dans la voiture. Après 1h30 de bouchons et 8h de conduite, nous y sommes, face à la majeusteuse statue de Genghis Khan, installée sur la place centrale. Puis, sans trop hésiter, nous nous dirigeons vers un restaurant de Hot Pot mongole pour fêter notre arrivée et reprendre des forces. La formule familiale pour 6 personnes s'avère etre un peu juste, nous passons une deuxième commande pour être sur de ne plus pouvoir bouger à la fin du repas. Difficile de planter la tente dans le centre ville d'Oulan-Bator, nous décidons alors de ressortir de la ville en direction du nord, vers la Russie pour passer la nuit dans un coin plus tranquille. Autant dire que la soirée ne faisait que commencer... A peine repartis, un bruit inquiétant s'echappe de dessous le capot. Relou, mais rien de grave: notre ventilateur est desaxé et frotte contre notre radiateur. La nuit commence a tomber et le vent se lève, timing parfait pour une tempête! Le montage de tente est plutot sportif, ambiance Koh-Lanta sous la flotte. La Mongolie donne tout ce qu'elle a et les galères s'empilent, mais le moral est toujours là (en grande partie grace au Hot Pot de tout a l'heure).
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12 Aout: La tempete s'est calmée. Au réveil, un cavalier mongole viens nous addresser la parole et nous propose de venir boire le thé chez lui, a 200 mètres de notre tente. Sans hésiter, nous rangeons nos affaires et nous dirigeons vers sa yourte. A l'intérieur, nous faisons connaissance avec ses deux jeunes fils jumeaux et leurs amis. Autour d'une tasse de thé salé (oui oui, salé), nous discutons de toutes les médailles de competitions équestres gagnées par les deux frères. La générosité et la gentillesse de cette famille de grand cavaliers nous fait chaud au coeur. Vers 9h du matin, nous reprenons la route. La tempete de la veille a transformé la piste en un veritable chemin de boue, avec un risque permanent de s'embourber, car ne l'oublions pas, l'adhérence de nos pneus est plutot nulle. Vitesse moyenne: 25 km/h sur 150 kilometres. Les paysages changent peu a peu et nous commencons a croiser des arbres (chose que nous n'avions pas vu depuis notre entrée en Mongolie, 2000 km plus tot). Une trentaine de kilometres avant Darkhan, la grande ville du Nord du pays, nous nous attaquons a un troncon un peu plus compliqué, parsemé de trous d'eau et de boue allant jusqu'a un demi-mètre de profondeur. Corentin gère ca comme un chef et la Felicia ne flanche pas lorsque l'eau monte jusqu'au dessus de ses phares. La nouvelle peinture lui va a merveille. Comme il a l'habitude de le faire, Théo prend le volant au moment ou la route redeviens une vrai route et fonce vers la frontière Russe 50km plus au nord de Darkhan. Nous profitons tous les trois une derniere fois de ce decors magnifique, de ces collines vertes et de tous ces beaux troupaux qui nous entourent. Le soleil est encore bien haut lorsque nous arrivons a la frontière Russe: "avec un peu de chance on passe avant la nuit". Sans trop de problèmes, nous passons notre dernier poste frontière en 2 heures. Nous sommes sortis de la Mongolie en une pièce, l'essentiel est là. De retour sur une route en parfait état, l'ambiance est festive et nous nous retrouvons très rapidement dans un somptueux décor de toundra Sibérienne. Camping ce soir la: 7/10, tout est parfait sauf la presence d'une quantité affolante de moustiques asoifés.
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13 Aout: Jour-J pour l'équipe. Il reste 200 petits kilomètres avant d'atteindre Ulan Ude, la ville ou se situe la ligne d'arrivée du Mongol Rally! A part un petit ralentissement du a un déluge de pluie dans la matinée, la route est bonne et nous entrons dans la ville russe en debut d'apres midi. Nous l'avons fait!
La ligne d'arrivée est installée sur la place Lénine de la ville (sans trop de surprise: 80% des places centrales en Russie sont appellées "place Lénine"). Il ne reste plus que de savourer la montée sur l'estrade sans oublier d'immortaliser le moment en prenant 1001 photos. Le voyage aura duré 41 jours, et notre compteur affiche 15 247 km de parcourus. Une aventure inoubliable, pleine de surprises et de défis. Difficile pour l'instant de prendre du recul sur tout ce que l'on a pu vivre lors de ces 6 dernières semaines, mais une chose est certaine: le travail d'équipe et les encouragements sans relache de nos proches ont envoyés ce voyage dans une toute autre dimension.
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Il est maintenant l'heure de se reposer quelques jours en Russie, avant de se quitter pour que chacun d'entre nous se replonge dans le quotidien qui nous attend.
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Un immense MERCI a tous nos lecteurs, nous ésperons du fond du coeur que ce simple journal de bord vous aura fait voyager avec nous cet été!
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- Genghis Khar